Déjà, le cortège s'avance liens solides pour délier, changer la pensée emmêlée et fragile Se damner, se courber et s'asseoir, le fossé prêt! Cette ligne tordue, obstacle fragments de vie quand un tambour résonne dans la nuit Il laisse mourir les faux-rire monde réel la cité souterraine des humains rescapés vivant sur la folie comme ils disent "une île-zion" L'oeil devient le tatouage bleu désoeuvré et chaque larmes l'encre de ses combats ami qui lit, oui, un combat! Le froid est hiver, une fleur un mois de mai et ses doigts le poème. Cesser d'espérer serait mourir...laissez les sortir, courir sur le fil cassé sans devenir plaintif. Ils ne sont ni loups, ni loupés ou cet ours mal léché qu'on blesse en pestiféré isolé...Ils ne sont! Leurs prisons savourent vos libertés à chaque page tournée, parle de guerres, l'angoisse ou bien l'amour les âmes ourlées de beaux verts foncés sur un mur vif varié en plaintes et déliés. Il vous fallait rapprocher votre bouche pour l'écouter, vous muets...il vous faudrait des pupilles rouges pour dire que vous pleurez vous aussi le son des accords désaccordés sur cette liberté de penser emprisonnée dans ce droit sagement re destiné...Il restera toujours un fantôme ici sur votre chevet empreinte de son lui-passé, un épouventail disloqué dans un champ isolé, derrière la poésie trempée dans l'eau salée. En corps...le cortège avance à pas lents ces mots couronnés sont gravés jusqu'à se signer refusant de mettre une croix sur demain maux dits et redits s'enivrant à chaque vers pris Pourquoi interroger ce qui est dit à l'un et se finit ici par un point? Les mots sont ces dieux apprivoisés, inventés, vénérés-liberté désert grains de papiers abrassifs évadés de l'arme condamnée entre quatre murs dérangés, un corps déshabillé rêvant de respirer soulé de l'histoire hachée prise au nez et au vent gré et intégré dans les rangs mesurés en pas cadencés. Mais il ne danse plus une mélodie, il la vit au travers, en large, nom sans non théatre d'effigie pour ce masque qui tombera " Viva la libertad" "lively freedom" langues âges sans frontière criez encore, signez ici la notre! C'est aujourd'hui qu'il a fait les bons vivants et demain il fera le beau mort- sur qu'il le fera, ce bouc de la nuit cornes rebelles il fonce sur le papier, fronce sur l'infini...il écrit ce que vous dissimulerez sur vos oreillers la tête écorchée, écoeurée sous la prison dorée , les fondations prises fragiles où l'heure du thé sous ton toit vit le jour ! Le silence, un royaume maudit mais Déjà, le cortège s'avance liens solides pour délier, changer la pensée emmêlée et fragile Ils pouvaient écrire "un arbre est un arbre" "Planter une fleur sur les marches dénudées" où ils feraient leur tombe à l'aube, un soir là quand les enfants joueront au chat perché sans faire semblant de rire. Il git un corps poète même au fond des mines,l'âme versifiée qui peine de ne pouvoir s'inspirer au soleil ils boiront le vin fruité recolté, troublant parfois acide en chagrin con et confronté ne faisant rien juste penser à panser les pires phrases qu'ils avaient chantonnées...cassées par la rime boycottée, alexandrins reprosant des instants passés, devenir composé-présent imparfait-futur d'instants plus vieux qu'eux La mort serait donc la victoire? Redites moi que je me trompe! qu'un trou béant pleure la plume déployée, des histoires sans mot, sans papier et sans regret, juste l'île aux ailes peintes sur l'étoile, l'année du poète prisé criant sur la feuille avant que l'automne de gringalets usés ne joue de ses yeux aveuglés les séropositifs condamnés pour l'art osé et tu qui es! Les démons ne dorment pas, agités sous tous ces fronts ridés et tordus voulant plaire à dieu sait qui...de vous à moi? Peut être! Du linge sêchera encore, la corde leur pendra la langue à la bonne heure, un regard en sera le témoin et les pages se tourneront Le cortège avance, recomposant les notes qui sont écrites sur la marge, souvenirs, amours rires peines à venir sorties demain, hier ou bien jamais conduits ou éconduits en pantins prometteur du temps "ça vaut de l'or parfois mais ça, vaurien, tu ne le sauras pas!" Elle a aimé faire lever le soleil à l'ouest; il a couché la vague sous un rocher; ils sont eux honteux parfois d'offrir un trésor sans maux amers, heureux de n'avoir aucun pouvoir sauf celui d'écrire des mots qui pénètreront dans vos têtes au coeur de la mémoire. A tous ces petits géants qui fabriquent des colliers de poèmes, à l'Art-triste qui prose sur la rose à vos bouts de crayons, à tous les mouchoirs froissés, je vous écris " que vive la poésie que viva la poesía" je vous libère la parole recueil et vous, vivez la! Il est des écrits que l'on dit tout bas élevés en sonnets pour que le glas se taise, de versants en versets renversant un vers c'est de l'art tissé vers l'entrouvert de vos lèvres. C'est l'heure de tourner la page, d'être de l'autre côté pour que nous puissions dire: " je vous ai lu, je vous ai bu, je vous aime quand je me suis vu Le cortège s'arrête...les yeux se posent sur la feuille qui naîtra, sur l'or raison, vent du silence aux émaux pages...Sylvie Girardot