Cre: xx/xx/07
Maj: 08/07/12
Maj: 18/11/21
Inimaginaire
Sylvie Girardot : Laissez-moi !

Déjà, le cortège s'avance liens solides pour délier, changer la pensée emmêlée et fragile
Se damner, se courber et s'asseoir, le fossé prêt! Cette ligne tordue, obstacle fragments
de vie quand un tambour résonne dans la nuit Il laisse mourir les faux-rire monde réel la
cité souterraine des humains rescapés vivant sur la folie comme ils disent "une île-zion"
L'oeil devient le tatouage bleu désoeuvré et chaque larmes l'encre de ses combats ami qui
lit, oui, un combat! Le froid est hiver, une fleur un mois de mai et ses doigts le poème.
Cesser d'espérer serait mourir...laissez les sortir, courir sur le fil cassé sans devenir
plaintif. Ils ne sont ni loups, ni loupés ou cet ours mal léché qu'on blesse en pestiféré
isolé...Ils ne sont! Leurs prisons savourent vos libertés à chaque page tournée, parle de
guerres, l'angoisse ou bien l'amour les âmes ourlées de beaux verts foncés sur un mur vif
varié en plaintes et déliés. Il vous fallait rapprocher votre bouche pour l'écouter, vous
muets...il vous faudrait des pupilles rouges pour dire que vous pleurez vous aussi le son
des accords désaccordés sur cette liberté de penser emprisonnée dans ce droit sagement re
destiné...Il restera toujours un fantôme ici sur votre chevet empreinte de son lui-passé,
un épouventail disloqué dans un champ isolé, derrière la poésie trempée dans l'eau salée.
En corps...le cortège avance à pas lents ces mots couronnés sont gravés jusqu'à se signer
refusant de mettre une croix sur demain maux dits et redits s'enivrant à chaque vers pris
Pourquoi interroger ce qui est dit à l'un et se finit ici par un point? Les mots sont ces
dieux apprivoisés, inventés, vénérés-liberté désert grains de papiers abrassifs évadés de
l'arme condamnée entre quatre murs dérangés, un corps déshabillé rêvant de respirer soulé
de l'histoire hachée prise au nez et au vent gré et intégré dans les rangs mesurés en pas
cadencés. Mais il ne danse plus une mélodie, il la vit au travers, en large, nom sans non
théatre d'effigie pour ce masque qui tombera " Viva la libertad" "lively freedom" langues
âges sans frontière criez encore, signez ici la notre! C'est aujourd'hui qu'il a fait les
bons vivants et demain il fera le beau mort- sur qu'il le fera, ce bouc de la nuit cornes
rebelles il fonce sur le  papier, fronce sur l'infini...il écrit ce que vous dissimulerez
sur vos oreillers la tête écorchée, écoeurée sous la prison dorée , les fondations prises
fragiles où l'heure du thé sous ton toit vit le jour ! Le silence, un royaume maudit mais
Déjà, le cortège s'avance liens solides pour délier, changer la pensée emmêlée et fragile
Ils pouvaient écrire "un arbre est un arbre" "Planter une fleur sur les marches dénudées"
où ils feraient leur tombe à l'aube, un soir là quand les enfants joueront au chat perché
sans faire semblant de rire. Il git un corps poète même au fond des mines,l'âme versifiée
qui peine de ne pouvoir s'inspirer au soleil ils boiront le vin fruité recolté, troublant
parfois acide en chagrin con et confronté ne faisant rien juste penser à panser les pires
phrases qu'ils avaient chantonnées...cassées par la rime boycottée, alexandrins reprosant
des instants passés, devenir composé-présent imparfait-futur d'instants plus vieux qu'eux
La mort serait donc la victoire? Redites moi que je me trompe! qu'un trou béant pleure la
plume déployée, des histoires sans mot, sans papier et sans regret, juste l'île aux ailes
peintes sur l'étoile, l'année du poète prisé criant sur la feuille avant que l'automne de
gringalets usés ne joue de ses yeux aveuglés les séropositifs condamnés pour l'art osé et
tu qui es! Les démons ne dorment pas, agités sous tous ces fronts ridés et tordus voulant
plaire à dieu sait qui...de vous à moi? Peut être! Du linge sêchera encore, la corde leur
pendra la langue à la bonne heure, un regard en sera le témoin et les pages se tourneront
Le cortège avance, recomposant les notes qui sont écrites sur la marge, souvenirs, amours
rires peines à venir sorties demain, hier ou bien jamais conduits ou éconduits en pantins
prometteur du temps "ça vaut de l'or parfois mais ça, vaurien, tu ne le sauras pas!" Elle
a aimé faire lever le soleil à l'ouest; il a couché la vague sous un rocher; ils sont eux
honteux parfois d'offrir un trésor sans maux amers, heureux de n'avoir aucun pouvoir sauf
celui d'écrire des mots qui pénètreront dans vos têtes au coeur de la mémoire. A tous ces
petits géants qui fabriquent des colliers de poèmes, à l'Art-triste qui prose sur la rose
à vos bouts de crayons, à tous les mouchoirs froissés, je vous écris " que vive la poésie
que viva la poesía" je vous libère la parole recueil et vous, vivez la! Il est des écrits
que l'on dit tout bas élevés en sonnets pour que le glas se taise, de versants en versets
renversant un vers c'est de l'art tissé vers l'entrouvert de vos lèvres. C'est l'heure de
tourner la page, d'être de l'autre côté pour que nous puissions dire: " je vous ai lu, je
vous ai bu, je vous aime quand je me suis vu Le cortège s'arrête...les yeux se posent sur
la feuille qui naîtra, sur l'or raison, vent du silence aux émaux pages...Sylvie Girardot