Lettre I-A Pontypridd -, toutes les jeunes filles s'appellent Laura Davies. Très chère Laura, Mon Amour, Vous souvenez-vous de mes mots frappés, éreintés ? Mon amour, vous souvenez-vous ? Et j'embrassais vos pieds comme un petit garçon-chien . Entre les orteils, je léchais. Un à un et je les embrassais, les léchais, eaux propres, figuré de mon âme. Honey ! Honey Moon ! Debout, vous étiez. Et vous jouiez du violon. Nue. Et votre peau de lait, chère poudreuse, vous ressembliez à une Khadija blanche,rousse- dragon et vos grains de beauté mangeaient vos yeux, accidents de mon porte-plume. En restant. Oui. Genèse des jeunesses passées. Inaccomplies. Mon Amour, violon obscène, et vos parents, que disent-ils ? Victime, car je suis l'Autre. Je Vous aime l'Encore, Laura. Je vais vous écrire l'Encore. Je suis malheureux car je vais mourir. Si vous avez deviné mes faiblesses, Laura, très chère Laura,répondez-moi. Vous n'aviez que quinze ans, je voulais vous mourir l'Encore. John, votre vieux Monsieur. « Laura, ma salope, ma damnée, mon irréelle, veille à ce qu'aucun ne te touche, je ne veux pas. Qu'aucun vers d'eux ne puisse te toucher. » « Cher John, moi le violon et entre mes cuisses serrées. Je n'ai pas encore mes règles. Je pense à vous. Mes parents dorment. La lune est morte. Voudriez-vous encore que je joue le Cantabile? » « Laura, je vous écrirai demain. Je ne sais pas pourquoi. Je vous aime. Je vous aime et lisez ce poème que vous aimiez tant. » Lettre à Laura II Sous l'enveloppe de nos corps, la brisure charnelle. Je voudrais v ous reconquérir ma chère Laura Davies, enrouler ma langue autour de vos yeux, vous lécher les cils. Sachez qu'avant que nous ne faisions l'amour la première fois, il restait à venir un flot de p aradis, un navire mouillé, zigzaguant dans les périls profonds de l'Atlandide. Laura, princesse Betty-pagesque, ô livre de mes amours en Galles du Sud, je n'ai ces sé depuis lors de vendre mon â me dans les corridors longs de la mémoire, dans l'impuissante astreinte. Mise en sourdine pour vous, Laura Davies. Mes flancs longent les parapets et vous Laura, jouiriez-vous encore de moi, hom bre-violon ?Je demeure votre hypothèse agenouillée, bloody dog distribuant la bonne parole à vos pieds. John dog, je me bats, je m'enlace, je dessine ; je viole le soleil et je l'éparpille dans mes mains. Un rictus m'empêche de marcher sur la route des croix blanches. Subsiste l'odeur du violon, sous vos aisselles tièdes, quand je dénudais vos épaules, soufflant sur elles mes douleurs sous-cutanées..l'empire écarté de vos jambes, où je m'immolais. - « Amusez-vous !», disiez-vous. L'alcôve interdit. Pick-up. Phonographe de nos pornographies. Le violon lancinait l'air comme le battement des ailes de l'hirondelle, Laura Davies, l'impudique, résiduelle blessure, équivoque enfant-ciel, et la nuit finissait toujours par mourir dans nos bras. Je demeure las, proxénète de l a lumière d'ennui sur les trottoirs. Les cloches résonnent encore de nos matinales enfantines. Votre violon, vos caresses envolées d'hirondelle. La pureté de votre rire, suprême agonie, éruption volontaire de notre intrigue, la ville nuptiales, à Swansea, et sur le bord de vos lèvres de lait, les miennes brûlaient comme du miel blessé. Dylan Thomas s'approche. L'imminence chaude, la com bustion de nos folies. Je serre votre cur avec force, Laura. Dylan et moi resterons près de vous. J'aimerais tant être le viol de vos baisers pour toujours Lettre III-Très chère Laura, Le jour t ombe à sa fin et je pense à vous, à toi. Ma pieuvre, mon enfant, ma désolée, Edmond, que tu surnommais le petit cheval de bois, jouet de ta bouche, «This night is a good looking night.» Sur le p arvis des nuits d'artiste, je fume à la fenêtre. Je maudis ta jupe et tes bas, je maudis la lune, et toi ma geisha toi, ma lettre d'amour que je n'ai jamais écrite, ce rayon de soleil empreint d e tact et de délicatesse, Laura Davies, ma Shoah, tes ongles ont griffé mes murs de silence, ma fille, mon enfant, mon cur Laura, ma chienne blessée, vivant écho des pensées acoustiques. Ces sal auds qui veulent t'enfermer Dans le panorama sucré des friandises. Ne vous souvenez-vous pas ? Sur tes joues j'ai versé des larmes aux idées reçues, et sous tes jupes j'ai laissé les idées reçues en séchant mes larmes. Je me suis combattu pour toi, Laura. Un million de femmes ne pourra rien y changer. Laura Davies, ma guerre à moi. Laura, mon Amour, mon enfant que je n'ai jamais eu. Ma rougissante aux yeux blancs. Cold dog-chien froid-Votre John. Et triste, De Sade. [...] ne m'en veuillez pas, la fin p rochaine me rend indiscipliné, la folie de ne plus pouvoir vous toucher exaspère mes sens, j'ai le cur orphelin.. et votre exil est un dévergondage que j'ai du mal à supporter.. Nous embar querons un jour à voix basse sur le lac de Genève, pour une dernière Polka Nos yeux au fond de l'eau-cet au-delà . Lettre IV Ma Laura , Je souhaite que mes lettres ne demeurent pas toute s figées en poste restante pour l'éternel. Quand ma raison me pousse à la déraison, je vous écris encore. Vous me manquez terriblement, et vos yeux que je n'ai pas su apprivoisés, sans doute J'erre, tel un cloporte mouillé de vos larmes, j'erre comme un petit garçon, une bouteille de Jack Daniels à la main, j'erre sans recherche, sans compter les heures. My Davies , my sun of th e beach ! Ma voyelle, ma consonne, ponctuation sonore du charivari , l'indécence des pointes de tes seins, une visitation de mon ego , Sainte-Laura , priez pour moi pour que notre dieu s'en s ouvienne ! Vos vouvoiements m'ont tué. Vous étiez ma petite mort. Je reviens d'une consultation médicale et alcoologique. Il est dix sept heures trente. Dans cette salle d'attente, vos pensée s étaient miennes. Assises en cercle autour de moi, des jeunes filles nues, impudiques, mâchaient inlassablement du chewing-gum, puis je suis couché à leurs pieds en invoquant ton nom, que to n nom serait sanctifié, En proclamant l'apparition de ton règne Fil conducteur de vos bas rouges, souvenez-vous, quand vous enfiliez comme une folle, au guidon de la Norton, les virages de l'Île de Man, princesse mécanique. Je buvais déjà et vous me le reprochiez. Ma nuit vient de commencer. Je mourrai un soir de Noel, à l'aube, comme un seul homme. John, votre chien dévoué, il y a longtemps. Lettres à Laura Davies V Ma chère inhumaine, Les cendres redeviennent cendres. Place des Quinconces, Napoléon me regarde, enveloppé dans son grand manteau. Le vent souffle sa c alomnie de désespoir. Les enfants sont beaux, les mères sont belles, et sur les quais j'ai froid sans vous, ma drôle de Laura. Je viens de sortir du grand théâtre où à l'écoute de la neuvième de Gustave M. , vous deveniez l'unique légataire de la neuvième symphonie du malheur. Laura, neuvième et dernière merveille du monde, ma nymphonie du bonheur.Laura, ma pierre éternelle. La co ntemplation de votre visage sur les miroirs de Morgannwg épaissit mon sang, le rougeoie de caresses oubliées . Et mon sang pleure toutes ses larmes. Bientôt, je déposerai une main courante su r votre crime de m'avoir rendu fou. En remontant l'insomnie de la rue Sainte-Catherine, je croise des regards aux chairs tristes. Dans les palaces, elles se dévoilent, imberbes, à mes pulsion s fétichistes et photographiques. Elles me souviennent de vous. Elles me souviennent que nous n'aviez pas dix sept ans . Elles s'en retournent au petit matin, leurs pas chancellent et brûlent le pavé. Vous étiez mon Nord, à présent elles sont mon Est D'eden. Rédemptrices de vos yeux, de vos lèvres, mineuses de charbon. Laura Davies de tous pays, unissez-vous et faites que Ma Laura revienne ! Sur un morceau de savon blanc, je vous écris ces quelques mots qui disparaîtront sous les eaux de l'Atlantique. « Laura be back, Laura be back a lula ! » Votre chien fou, John, à v ous Laura, ma sainte, ma guerre de cent ans. Lettres à Laura Davies VI « Je suis mort, et les vivants se rassurent . » Sol de l'apocalypse. Juin 20. Kaiserslautern. On m'a enfermé comme un fou de solitude. J'étais mort. Je ne suis pas triste. Je crée des calligrammes à la mémoire des femmes Juives, dépecées, à la mémoire de Varsovie. Je recrée mon âme pour ne plus vouloir mo urir. Je suis devenu votre Juif en Palestine, Laura, cité interdite. Ils m'ont mis des chaînes. Alors, je me traîne. J'écris dans la neige, avec mes pieds. Quel est le but ? Quel est ce jour, quel est ce but ? Ils m'ont supprimé la parole en me coupant la langue. C'est horrible. Et dans vos yeux, chaque nuit, je vois mourir la lune. Je vois mourir les loups. Et vos yeux, vos yeux, tendre Laura ? Ils ont crevé les miens. Ils m'ont dit que vous étiez une fille-louve. Ils m'ont dit que le chagrin n'empêchait pas de marcher. Qu'il fallait qu'un jour, je meurs demain. Que l e début, c'était toujours la fin. Qu'un jour, je serais mort en redevenant vivant. Laura, ne marcheriez-vous pas quelques pas avec moi, en me tenant la main ? Est-il trop tard, que vous ne vo uliez plus venir dans l'asile de cette blessure qui me hante ? Laura, Dolce Vita, dans l'aquarium de mes dramaturgies, je ne noie, seul, comme un nuage à l'enchaîné d'un ciel infini John, en te souhaitant que mon chagrin ne meurt pas seul. Mon cur vous aime, ma douleur.